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Cameroon Business Forum : des chances d’une émergence ?

Une salle pleine en soirée du Cameroon Business Forum 2019

Cameroon Business Forum 2019

La dixième édition du Cameroon Business Forum s’est achevée sur une impression de « bien entendu ». Avec ce goût amer que le secteur privé sera une fois de plus le souffre douleur du Doing business au Cameroun. Le Cameroun pourrait-il en émerger comme un partenaire exceptionnel ? Lors des travaux du dernier Forum, le Président du patronat camerounais a brossé d’entrée de jeu un tableau mitigé sans hypocrisie. Le Cameroun est un pays pour lequel on note à chaque instant la ruée massive d’investisseurs étrangers. Mais on n’entend jamais que les hommes d’affaires Camerounais ont fait une percée quelconque dans un pays étranger.

Globalement, le patron du Gicam pense que depuis la naissance du Cameroon Business Forum et au bout de dix éditions, les Camerounais ne peuvent rien en retenir de probant. Ainsi, dit-il : « Toutefois, à ce jour, les résultats obtenus, comme l’indiquent les classements Doing Business sur le Cameroun au fil des années, sont restés en-deçà des attentes ». Il pointe ainsi du doigt les ratés dans la création d’entreprises, notamment sur l’abaissement du capital social des entreprises responsables. En 2016 et 2017, les privés avaient préconisé de faire passer le capital de un million à cent mille francs. Et de plus, restreindre le recours obligé à des notaires pour la création des SARL. Au lieu de passer tout le temps par un notaire, pense célestin Tawamba, une société à responsabilité pouvait se créer sur des actes sous seing privé. On le comprend, patron des patrons, il en est à prêcher dans sa propre chapelle.

De la création d’entreprise au Cameroon Business Forum ?

Il a d’autant plus de raisons d’être retourné contre ses partenaires du dialogue Privé-Public qu’au moment de la signature des accords avec l’Union Européenne, les ministres s’y étaient précipités sans demander son avis au secteur privé. Malencontreusement, c’est le secteur privé qui n’est plus en mesure d’assurer sa part de la production nationale. Comme un berger à la bergère, le Professeur Touna Mama, le Coordonnateur du Cameroon Business Forum, fait savoir que les créateurs d’entreprises devraient plutôt s’en prendre à eux-mêmes car le dialogue institué entre le secteur privé et le secteur public est timoré. Le privé a en face de sérieux problèmes d’égo, les promoteurs d’entreprises pensant tout le temps qu’ils sont « les plus beaux que les autres, les plus forts ou les plus riches ». En revanche, le Pr. Touna Mama reconnait, avec les participants au dernier forum, que la rencontre a connu de remarquables avancées dans son élaboration. Il le dit explicitement et salue l’évolution du secteur privé dans son interview au  quotidien national : « C’est le privé qui a choisi le thème et proposé que l’on passe d’une plénière à plusieurs ateliers thématiques suivis de plénières ». Et de conclure que, « l’intervenant privé à ce forum reconnaitra qu’il n’y a jamais eu cela en dix ans ».

Pour pasticher la réclame du père Joseph Kadji Defosso, il aura fallu du temps, pour que les pouvoirs publics tendent une oreille un peu attentive au secteur privé. Depuis dix ans en somme, les pouvoirs publics ont donc résolu d’écouter un peu les acteurs du secteur privé, les créateurs d’emplois et de la richesse dans notre pays. Les apparences sont ainsi sauves. Que le 10ème Cameroon Business Forum ne soit pas terminé sur une foire d’empoigne. A un moment où le Cameroun doit se battre sans répit pour son « émergence ». Au moins, on sait que le pays a besoin plus que tout en ce moment d’une vraie collaboration entre le secteur public et le secteur privé. Le même secteur privé n’a jamais été mis à contribution lorsqu’il fallait privatiser la Sonel pour notre électricité. Nos fonctionnaires à Yaoundé n’avaient retenu qu’une petite définition de ce méchant mot : on vendait le tout à un seul bonhomme et on se mettait à compter les impôts, lorsqu’on avait fini de calculer les milliards sur le chèque. Mais, à ce jeu, parce que l’Etat n’avait pas voulu écouter le secteur privé, les Américains avaient même acheté le compte d’exploitation avant de confier le secteur de l’énergie à des étrangers.

« Il aura fallu du temps ! » au Cameroon Business Forum

Depuis l’éclatement de la guerre dans les régions dites anglophones, les experts de la finance internationale éprouvent du mal à évaluer les pertes enregistrées par l’économie du pays en trois ans. Les entreprises d’Etat ne peuvent pas encore mettre à disposition les chiffres des manques à gagner, mais on sait qu’elles sont énormes. Dans les chroniques de l’économie nationale, on a enregistré une hausse des importations de 11 % en 2O18, en dépit d’une baisse de 22 % du volume des importations de riz. On ne va donc plus seulement se saigner à importer du riz de Singapour ou d’autres pays d’Asie. On n’en parle pas suffisamment, les régions du Nord-Ouest et Sud-Ouest pèsent dans notre production économique. Quels sont donc ces produits que des importations ont replacés depuis trois ans sur la balance commerciale du Cameroun ? Il faudra sûrement mener des enquêtes sérieuses et chiffrées. SITE DU CBF

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