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Nouvelles routes de la soie : quand la Chine divise l’Europe

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Avec son méga-projet des nouvelles routes de la soie, la Chine expose une Europe beaucoup plus protectionniste que libre-échangiste. L’Italie de Giuseppe Conte signe l’accord, malgré l’hésitation de l’Allemagne et de la France à prendre des Yuans.

C’est ainsi que la puissance chinoise fait rire jaune les puissances économiques du libre-échange, obligées de se cacher à présent derrière le gilet du protectionnisme. Hier encore, l’Occident aurait juré faire du 21ème siècle la pluie et le beau temps, mais un cheveu est tombé dans la soupe de la quasi-totalité de ses puissances économiques. La Chine qui jadis « riait jaune » pour plaire, fait à présent trembler les économies libres et les oblige même à se murer avec des paravents. Ainsi donc, l’instinct de conservation fait appel à la même réaction chez tous les peuples. Mais encore plus chez ceux qui ont décidé de maintenir le monde dans la voie de leurs seuls avantages en s’érigeant en donneurs de leçons.

Levée de boucliers

La Chine devenue économiquement un géant de la sphère, a décidé, elle, de faire du monde un village des opportunités. Son méga-projet rebaptisé officiellement lors d’un sommet international en juin, « Belt and road initiative », en français « Initiative de la ceinture et de la route », est honorable. Il va de l’Asie centrale à l’Afrique en passant par la Russie, la Péninsule indochinoise, l’Europe occidentale. L’Empire du Milieu a décidé de doter les pays dits sous-développés, émergents et même certains infra-structurellement puissants, de routes, d’oléoducs, de gazoducs, de voies ferrées et de ports modernes. En cela, beaucoup de pays du Nord trouvent une menace future. Ces pays crient au piège de la dette. Et avec raison, car la Chine prêteuse n’est pas dans l’humanitaire désintéressée non plus. La Chine dit vouloir « construire une communauté de destins pour l’humanité ». Dopée par trois décennies de croissance à deux chiffres, elle est devenue un géant économique et affiche une stratégie mondiale ambitieuse. Pékin pèse désormais plus lourd que Washington dans l’économie mondiale. Selon Xi Jinnping au 47ème Forum économique mondial, « la Chine a bénéficié de la mondialisation mais elle y contribue largement en assurant à elle seule plus de 30 % de la croissance mondiale ».

Les rapports ont changé grâce à la mondialisation. Xi Jinping de la Chine s’est affiché en chantre du libre-échange, par contraste à un Donald Trump des Etats-Unis protectionniste par instinct de conservation. Au Cameroun, on dira trivialement « ça laisse qui ? ». Le projet des nouvelles routes de la soie est le grand œuvre stratégique et économique du président chinois Xi Jinping qui porte partout où besoin est le projet pharaonique lancé par ce leader de l’Empire du Milieu en 2013. Certes, le projet a encore des contours flous pour beaucoup de décideurs, puisque la Chine ne dévoile ses pans qu’au fur et à mesure des implications des gouvernants du monde. Depuis le vendredi, 26 avril 2019, le chef de l’État chinois a réuni pour son deuxième forum « Ceinture et routes » 5000 invités. Les amis de la Chine au premier plan. Les dirigeants pakistanais, philippin, birman, le président russe Vladimir Poutine sont présents, tandis que les alliés de l’OTAN sont aux abonnés absents. Lors d’un discours de 15 minutes le vendredi, 26 avril 2019, le président chinois, Xi Jinping, a lancé ce qui n’est rien moins que l’acte II des « nouvelles routes de la soie », ce mégaprojet mondial d’investissements chinois destiné à « construire une communauté de destins pour l’humanité », selon la vision du leader de la Chine.

Mais l’Europe est déjà divisée

D’une ampleur titanesque, les nouvelles routes de la soie sont pour certains le signe même, voire l’instrument de l’hégémonie chinoise sur le monde. Ses détracteurs pensent qu’avec ce plan, Xi Jinnping, le dirigeant Chinois, voudrait constituer la dette contre des pays bénéficiaires. Puisque la Chine dans ses propositions voudrait que ce soient seules ses entreprises qui gagnent ce vaste marché des investissements de plus de 1 000 milliards de dollars.

C’est l’une des divergences dans ce mégaprojet. Les Occidentaux brandissent la vérité économique qui dispose que lorsque vous venez avec des capitaux et que ce soit encore vos entreprises qui gagnent les marchés, cela constituent une dette pour les bénéficiaires de prêts accordés par vos banques. Ce que « nos chers amis Européens » obligent comme pratiques depuis des décennies dans leurs relations d’affaires avec Africains, pourtant ! On sait ce qui s’est fait au Cameroun avec les CD2 et autres prêts des banques occidentales. Pour le Président français par exemple, « Évidemment l’exercice de la puissance ne va pas sans divergences. Nul d’entre nous n’est naïf. Mais nous respectons la Chine et entendons naturellement de la Chine qu’elle respecte l’unité de l’Union européenne comme les valeurs qu’elle porte dans le monde », écrit-il le 26 avril dernier à 13  heures 50 sur son compte Twitter.

Si environ 5 000 invités participent à ce deuxième Forum qui se tient dans la capitale chinoise du 25 au 27 avril 2019, moins d’une quarantaine de dirigeants ont fait le déplacement. Hormis le président russe, Vladimir Poutine, et Giuseppe Conte, le président du Conseil italien, aucun chef d’Etat et de gouvernement du G8 n’est présent. Depuis la signature de l’Italie pour profiter des prêts chinois dans le cadre des nouvelles routes de la soie, l’Europe affiche ses divisions. Outre M. Conte, le Hongrois Viktor Orban, le Grec Alexis Tsipras et l’Autrichien Sebastian Kurz sont présents. Mais l’Allemagne n’a envoyé que son ministre de l’économie, Peter Altmaier, et la France Jean-Yves Le Drian, son ministre des affaires étrangères. Or, seuls les pays représentés par leurs dirigeants sont invités à signer le document final qui sera publié, ce samedi, 27 avril 2019, à l’issue des travaux.

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