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Bénin: tirs à balles réelles sous Patrice Talon, trois ans après l’alternance

Bénin, tirs à balles réelles, des morts

Bénin, crise sociopolitique. Scène de violence.

Des Béninois sont tombés le 01er mai dernier après des tirs à balles réelles des forces de l’ordre qu’ils avaient décidé défier. Trois ans après l’alternance au sommet de l’Etat salué partout comme une maturité démocratique, Patrice Talon change la donne. Patrice Talon avait dit : « Je ferai de mon mandat unique une exigence morale en exerçant le pouvoir d’État avec dignité et simplicité. (…) Je m’emploierai à faire de ce mandat un instrument de rupture et de transition devant aboutir à la mise en place des grandes réformes politiques et institutionnelles que nous avons tous appelées de nos vœux ».

Ce pays toujours très pauvre, semble enfin se réveiller et comprendre que le changement d’hommes à la tête de l’Etat n’est en rien une garantie de démocratie, voire de bonne gouvernance. L’ex chef d’Etat Thomas Boni Yayi avait demandé le boycott des élections législatives du dimanche 28 avril 2019 parce qu’il estimait que les Béninois ont été obligés par le pouvoir à n’avoir le choix qu’entre deux partis proches du pouvoir. Et dont on dit appartenir à la même personnalité politique : Patrice talon, l’actuel chef d’Etat.

Intentions de plus d’un mandat

Craignant que Thomas Yayi Boni ne soit arrêté après son mot d’ordre, ses partisans dès mercredi ont dressé des barricades sur tous les points d’accès autour de son domicile du quartier de Cadjehoun, avec des pneus en feu et armés de pierres. Et comme le peuple l’avait perçu, le domicile de Yayi Boni a été encerclé quelques heures après l’annonce d’un taux d’abstention record. Une abstention de plus de 80%, selon des résultats partiels de la commission électorale. Un désaveu pour le chef de l’Etat. Et une confirmation que l’ex-chef de l’Etat Béninois reste populaire. Les opposants accusent le Président Patrice Talon d’avoir engagé un tournant autoritaire au Bénin, pays modèle de démocratie en Afrique de l’Ouest. Chez ces opposants, comme au sein de la société civile, on l’accuse d‘avoir ordonné l’exclusion des grands partis d’opposition.

Le motif de l’exclusion a été officiellement le non-respect du nouveau code électoral. Mardi, les anciens présidents Boni Yayi (2006-2016) et Nicéphore Soglo (1991-1996) ont évoqué un « coup d’Etat électoral ».  Amnesty International et de nombreuses associations locales de la société civile béninoise ont dénoncé les coupures d’internet ainsi qu’un « niveau de répression alarmant ». L’Union européenne a fait part de son embarras. Tout au long de la matinée de jeudi, des centaines de personnes, notamment des chauffeurs de taxi-moto, se sont rassemblées pour faire front devant l’armée, déployée dans la ville, et qui a lancé des tirs de sommation à plusieurs reprises pour tenter de disperser la foule. Mais celle-ci devenait toujours plus menaçante. Alors elle a fini par tirer à balles réelles pour les stopper.

Tirs à balles réelles

Même si le calme est revenu à Cotonou, la journée a été marquée par des affrontements entre policiers et manifestants. On dénombrerait au moins deux personnes tuées. « Personne n’a fermé l’œil jusqu’à ce matin. Vers 22 heures, ils ont coupé la lumière et ont tiré à balles réelles », déclare Justin B., militant du FCBE, parti de l’ex-chef de l’Etat. A Kandi, dans le Nord du pays, l’une des principales usines de coton du pays a été incendiée. Peut-être une usine de Patrice talon qui on le sait, avant de devenir Président du Benin, était l’homme d’affaires numéro un de cette filière. Selon un sapeur-pompier, « Des manifestants ont mis le feu à l’usine dans la soirée. On n’a encore aucune idée des dégâts mais ils sont énormes. Tout a brûlé ».




Ce jeudi 02 mai 2019, le ministre de l’intérieur et de la sécurité publique Sacca Lafia indique que l’usage des armes à balles réelles est contre la consigne donnée à la police et à l’armée. Mais il ajoute que « Probablement, les militaires étaient débordés », que les manifestants « allaient vers des points névralgiques comme la radio, comme des banques […] On ne pouvait que agir de cette manière pour les retenir, les repousser », défend Sacca Lafia sur RFI. Toutefois, il annonce qu’après les événements, il y aura certainement des enquêtes. « Des sanctions les plus dures seront prises à l’endroit des forces de l’ordre qui se sont passés outre la consigne donnée ».

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