Déclaration de S.E Tommo Monthé à la réunion Arria de l’ONU
S.E. Tommo Monthé dénonce la volonté de certains Etats à parler Humanitaire à l’ONU pour s’ingérer dans les affaires du Cameroun. S’il faut encore le rappeler, le Conseil de sécurité de l’ONU n’a pas siégé sur le Cameroun. Il ne siège que lorsqu’une crise dans un Etat-membre menace la paix et la sécurité internationale. Au Cameroun, on n’en est encore très loin. Pourtant à dessein ou par ignorance, beaucoup de posts dans les réseaux sociaux, voire certains médias nationaux et internationaux ont présenté la réunion ARRIA comme un siège du Conseil de sécurité de l’ONU. Comme l’avait signalé S.E. Tommo Monthé au sous-secrétaire de l’ONU aux questions humanitaire. Il n’en était rien.
Cette réunion informelle a été initiée par un ami du Cameroun qui, semble-t-il, ne lui veut plus du bien. Les Etats-Unis et d’autres membres l’ont demandé à titre informatif sur la question humanitaire dans l’ensemble du Cameroun. Seulement, en posant la question dans une formule ARRIA le 13 mai 2019, les Camerounais ont vite compris qu’on voulait parler d’autres choses, et non plus de la crise humanitaire qui frappe les réfugiés au Cameroun, et des solutions idoines à lui apporter.
S.E Tommo Monthé, le représentant permanent du Cameroun auprès des Nations Unies, a dénoncé la volonté de certains Etats de vouloir se servir de la question humanitaire pour s’ingérer dans les affaires internes du Cameroun.
Déclaration de S.E Tommo Monthe
« Je vous remercie Mme la présidente de m’avoir donné la parole. D’entrée de jeu, je voudrais vous dire que la présente réunion sous formule Arria ne rencontre pas l’adhésion du Cameroun. Est-il encore besoin de rappeler que la même objection a déjà été fortement exprimée par de nombreux pays du Conseil, en particulier les pays africains, en raison de son caractère équivoque susceptible d’être malicieusement exploité par des esprits malveillants confondant à l’envie et pour leur cause cette formule avec les réunions officielles du Conseil.
J’illustre, Mme l’Ambassadeur, lorsque vous et moi nous sommes longuement vus, et que je vous ai exprimé cette exploitation malveillante, peut-être ne m’avez-vous pas crue. Depuis le début de cet Après-midi, dans les réseaux sociaux, il est dit que le Conseil de Sécurité a siégé, a adopté une résolution, et que les voix se sont établies comme suit: Pour le Cameroun, France, Côte d’ivoire, Belgique, Guinée Equatoriale ; Neutre, Chine ; Contre le Cameroun: Etats-Unis d’Amérique, Royaume Uni, Russie, Allemagne, Indonésie, Pérou, Koweït, Pologne, Afrique du Sud, République Dominicaine. Que ce faisant, le Cameroun a été battu. Voilà Mme l’Ambassadeur, les confusions pour lesquelles je vous avais fait l’amitié de vous dire toute ma précaution. Maintenant, voilà ce qui se dit sur les réseaux sociaux: que le Conseil a siégé! En outre, le sujet même sous examen, à savoir la situation humanitaire au Cameroun a-t-on suffisamment répété, ne constitue en rien une menace à la paix et à la sécurité internationales.
Des arguments pour s’ingérer
Un tel sujet aurait été plus indiqué dans le Segment humanitaire du Conseil Économique et Social ou dans les débats sur les questions humanitaires à la troisième Commission de l’Assemblée Générale, voire lors d’une manifestation parallèle de Haut niveau au cours de l’Assemblée Générale.
D’aucuns ont avancé l’argument de prévention. Quelle prévention alors ! Pourrait-on s’écrier et quelle serait la ligne de démarcation entre prévention et volonté d’intervention sous des prétextes humanitaires qui hantent certains esprits? Sans doute, certains sont venus à cette rencontre avec l’encre approprié pour peindre le Cameroun tout en noir, pays d’enfer et de maux indicibles. Ils ont en cela ameuté les médias, les ONG et les « marcheurs » patentés de la 47ème rue pour spontanément amplifier leurs vues dans les médias et les réseaux sociaux. Certains d’entre ces déstabilisateurs ont d’ailleurs tout récemment publié un communiqué affirmant que tout participant à notre prochaine fête nationale sera placé sur leur liste noire et traité comme ennemi et que l’insurrection est le seul moyen actuel pour renverser les institutions du Cameroun et ceux qui les incarnent.
D’autres, peut-être sont venus munis de siphons pour siphonner toute l’eau de la bouteille et présenter le Cameroun comme une bouteille toujours vide, au plus à moitié vide. D’autres, que sais-je encore, sont venus verser d’abondantes larmes sur la situation humanitaire, mais en réalité des larmes feintes, à peine voilées sur une situation dont ils n’ignorent, s’ils ne provoquent d’ailleurs pas les tenants et les aboutissants. D’autres enfin, sont venus à la présente rencontre sans doute à la recherche de marchés pour leurs ONG en gonflant à souhait les chiffres des besoins humanitaires.
Quant à nous, et à nos partenaires réellement soucieux de la transparence, de la traçabilité, bref de l’efficacité de l’aide humanitaire, nous sommes venus dire que le Cameroun est debout, têtu comme la vérité, visant l’émergence en 2035, pays qui n’est pas au paradis, mais pas en enfer non plus, mais bien sur la terre des hommes cherchant patiemment et méthodiquement sa voie de développement endogène, en cette période charnière où les réalités et les survivances du 20ème siècle s’imbriquent encore dans celles du 21ème siècle s’affirmant; dans un contexte où les rivalités de puissance, d’intérêt et d’idéologie vont crescendo dans diverses parties du monde; dans une Afrique qui se projette à l’horizon 2063 comme un continent prospère, libre, uni, paisible et acteur majeur dans les relations internationales.
Droit dans ses bottes
C’est à la lumière de toutes ces considérations et de leçons tirées de l’expérience dans de nombreux pays que nous abordons la question sous examen qui requiert toute l’attention de notre Gouvernement. Le Cameroun est un pays ouvert qui a successivement reçu ces derniers temps le Haut-commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, une délégation du Commonwealth, le Président de la Commission de l’Union Africaine. Une délégation de l’Organisation Internationale de la Francophonie est attendue et le Parlement européen a été invité.
Un des distingués invités à savoir le représentant Spécial du Secrétaire Général pour l’Afrique Centrale n’a pas manqué de déclarer à la suite d’une de ses visites : « Nous sommes venus rencontrer le Premier Ministre, Chef du Gouvernement pour faire avec lui le point de la situation au Cameroun … M. le Premier Ministre nous a fait le point des efforts déployés pour la stabilisation des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest … Nous partons d’ici avec l’assurance que le Gouvernement est à pied d’œuvre pour trouver des solutions idoines dans ces deux région ».
La devise du Cameroun est Paix-Travail-Patrie. ».
[…]
J’ai deux explications à certaines questions qui ont été soulevées:
– Accès des humanitaires aux populations déplacées ou aux réfugiés:
Le Cameroun est ouvert en cela. Il veut simplement que les équipes qui se déplacent soient tout à fait encadrées, de peur que celles-ci ne tombent elles-mêmes entre les mai,s des terroristes et que de ce fait la Communauté Internationale ne nous reproche de ne les avoir pas protégés. Et je vous ai dit que tout récemment, une plateforme de traçabilité et de contrôle a été établie entre le Gouvernement et les Nations Unies.
– Sur la question des violences:
J’ai entendu dans tous les exposés tout à l’heure les orateurs parler de violences, certains allant jusqu’à incriminer le Gouvernement. Je donne à un de mes collaborateurs ce document afin qu’il vous le remette, Mme l’Ambassadeur, vous y verrez les violences perpétrées par Boko Haram et des sécessionnistes.
Egalement, je voudrais dire, au sujet de cette réunion, que le thème mentionné à l’entrée de cette salle est « Arria formula meeting: The humanitarian situation ni Cameroon ». Nous avons parlé de crise, tout a été centré uniquement sur le Nord et le Sud Ouest Cameroun; J’ai entendu de manière furtive à peine quelques allusions à d’autres Régions. Ce qui laisse comprendre que le sujet annoncé n’a pas été abordé comme tel, et on comprend donc qu’on est venu chercher des poux sur la tête et des chiques sur les pieds du Cameroun, ce qui n’est pas tout à fait approprié.
Je voudrais conclure en disant aussi que nous avons une administration debout! Et je suis tout à fait encourager par ceux qui ont dit qu’il vaut mieux approcher le Cameroun, demander à son Gouvernement qu’est-ce qui a été fait, qu’est-ce qu’il y a encore lieu de faire? Je vous ai indiqué tout à l’heure, dans la mise en oeuvre du Plan d’Assistance Humanitaire d’Urgence, ce par quoi nous voulons être aidés. Nous ne voulons pas des gens qui travaillent pour le Cameroun, mais nous voulons des gens qui travaillent AVEC le Cameroun. C’est très différent! Nous sommes là, ne nous sommes pas par terre, et nous souhaitons que les gens de bonne volonté travaillent avec nous pour mettre fin à cette situation.
J’ai entendu aussi des cris de désespoir, qu’il y a non-fréquentation, que le dialogue est rompu. A ce sujet, j’invite les membres du Conseil à regarder la visite, la semaine dernière, du Premier Ministre sur le terrain: l’enthousiasme de la population est éloquent. A Bamenda, le Premier Ministre a dîné chez Monsieur Ni John Fru Ndi, figure de l’opposition camerounaise bien connue, qui lui a offert un repas fort copieux. Donc, nous dialoguons. Et le Premier Ministre y a annoncé que les Centre de Désarmement, Démobilisation et réinsertion qui ont déjà été ouverts, leurs pensionnaires seront bientôt reçus par le Président de la République. Il a précisé qu’en plus de ceux qui sont dans ces Centres, il y a plusieurs autres anciens terroristes qui ont abandonné la sécession une fois qu’ils ont pris conscience d’avoir été trompés, et ont regagné des familles situées hors des zones sensibles, dans d’autres villes du territoire. Il y en a donc de plus en plus qui se rallient car reviennent à la raison. Je voudrais que le Conseil ait un oeil attentif sur ce genre de situation. Nous dialoguons, à tous les niveaux, et le Premier Ministre l’a encore prouvé dans le Nord Ouest, en dialoguant tous azimuts.
J’en ai terminé Mme l’Ambassadeur, je vous remercie de m’avoir donné la parole. J’ai été tout aussi passionné comme d’habitude, parce qu’il s’agit de mon pays, et parce que nous le connaissions mieux que quiconque. Ce matin, le Ministre des Relations Extérieures a publié un communiqué que je vous ai envoyé à vous tous, pour montrer que le Cameroun est gouverné. Nous faisons face à la sécession, nous faisons face au terrorisme, nous faisons face à l’insurrection, et nous y feront toujours face debout. Nous sommes des Hommes, dont les pieds reprennent vigueur en frappant le sol dur!
Je vous remercie./-
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