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Soudan : déjà plus de 100 morts qui parlent aux Camerounais

Soudan. 40 morts, l'armée annule tous les accords avec les civils.

Soudan. 40 morts, l'armée annule tous les accords avec les civils.

Le peuple du Soudan se rend enfin compte que remettre en cause l’ordre constitutionnel est une occasion pour l’Armée de diriger un pays. Plus de 100 morts par naïveté politique. Des individus qui seraient encore en vie sous Omar El-Béchir. Au Soudan il y a eu un avant pour renverser Omar El-Béchir, mais il y a un après ordonné par la réalité politique. Pour les militaires c’est clair. On ne peut pas laisser l’ordre public à la merci de la rue et à des éternelles revendications. On parle ce jour de plus de 100 morts et plus de 650 blessés dans une population qu’on a vu il  y a encore quelques temps main dans la main avec son armée. Cette même armée qui tire sur elle à présent, une fois que les intérêts sont devenus divergents.

Ce qui vient de se passer au Soudan est un bel exemple de la dangerosité qu’il y a à remettre en cause le fonctionnement institutionnel, à écouter ces hommes politiques qui savent très bien comment déclencher des soulèvements, mais ne savent pas les stopper. Ils ne peuvent pas protéger les followers passifs contre les balles des militaires, encore moins expliquer les vrais enjeux au peuple dont ils se servent toujours pour seulement légitimer leurs revendications politiciennes, et non pour éradiquer la pauvreté. Des hommes politiques sont des commerçants d’une vision, d’un modèle de société. Et en bon avocats ou mieux en bons bons pasteurs, ils doivent trouver une partie du peuple qui porte leur voix, qui la rend visible et crédible. Pour cela va-t-il tout faire, y compris pour certains moins moraux, marcher sur le sang de leurs compatriotes pour atteindre le Graal. Le peuple, la plupart de temps naïf, en est malheureusement toujours la victime.

Le règne de l’armée au Soudan

On ne suit pas un homme politique par simple sympathie, jamais parce qu’il est bon parleur. Parfois il est important de maîtriser son idéologie, voire ses fréquentations. Combien de fois faut-il dire aux Africains que chaque fois qu’un peuple utilise la rue ou tous autres procédés anticonstitutionnels pour faire tomber un pouvoir, il donne une possibilité à l’armée de prendre les rênes de l’Etat. Après les révolutions de couleurs au Nord de l’Afrique, seul le Royaume du Maroc a pu tenir. la Tunisie a un pouvoir militaire en place. On l’a vu avec la révolte des frères musulmans en Egypte. A la fin des courses, c’est le Général Al-Sissi qui est au pouvoir. En Algérie, l’armée ne lâche pas le morceau alors que Abdelaziz Bouteflika a jeté l’éponge. A côté de nous au Burkina-Faso, le peuple a renversé Compaoré, mais c’est le militaire Kaboré qui est au pouvoir.

Au Zimbabwe, Robert Mugabe est parti, son lieutenant a pris le pouvoir. On a toujours la Libye où depuis la mort de Khaddafi, le territoire n’est plus un Etat, mais plutôt un No man’s land. Les généraux y sont aux commandes, chacun sur sa part de gâteau, au détriment d’un peuple que les puissances occidentales avaient réussi à manipuler. Au Soudan, après avoir joué dans une même équipe, voilà que l’armée vient d’annuler tous les accords avec les civils qui lui demandaient de lâcher le pouvoir qu’il détient depuis plus de 40 ans, de le transférer au civil. La route pour le pouvoir a deux voies. Une avec un péage qu’est la consultation démocratique qui est l’élection présidentielle. Et l’autre voie, violente et insurrectionnelle est celle qui contourne ce péage. Le problème dans cette dernière voie est que lorsque les forces armées légales, légitimes, nationales, ne sont pas à vos côtés, votre action est presque impossible. Et lorsque cette armée républicaine se met à vos côtés, c’est qu’elle est sûre que le pouvoir ne lui échappera pas. Ça a toujours été ainsi partout dans le monde.

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