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Pénétrante EST de Douala : la faute au principe du « moins disant »

Pénétrante EST de Douala en chantier

Pénétrante EST de Douala en chantier

Pénétrante EST de Douala ou le reflet de nos incongruités. Pourquoi avoir abandonné l’ancien axe Edéa – Douala immédiatement après la construction de l’axe lourd ? Pourquoi commencer des travaux d’une telle sensibilité sans voie de contournement ? Comment arrivons-nous encore à valider des voies sans drains et sans parkings, des kilomètres sans toilettes publiques et sans bouche d’incendie ? Des milliards disparus. Le développement du Cameroun est plombé depuis des années par le sacro-saint principe du « moins disant ». Une connerie que les fossoyeurs de la République ont vendue au contribuable comme gage de progrès social. C’est là tout l’intérêt de notre article.

La réponse adéquate au « gré à gré » et au « moins disant » est ce qui cessera d’enrichir des cupides, des délits d’initiés, des avenants savamment préparés, des entrepreneurs aux travaux abandonnés ou mal exécutés. Tout le monde sait dans la plupart des cas que les vainqueurs sont très souvent connus avant même le début des procédures. Dans d’autres cas, quelques apprentis-sorciers tapis dans les administrations ou en dehors, jouent avec la crédibilité de nos partenaires pour salir le Cameroun, monter des entreprises sans consistance et gagner des marchés publics. Le sacro-saint principe du « moins disant » a fini par plomber tout le système des réalisations publiques au Cameroun. Il faut réformer le système d’attribution des marchés. En visite de travail dans la capitale économique ce mardi, 6 août 2019, le ministre des Travaux publics, Emmanuel Nganou Djoumessi a joué à l’apprenti-sorcier. Selon le Mintp, l’entreprise en charge de l’exécution du chantier « n’a pas respecté un certain nombre de prescriptions visant à maintenir la circulation » sur ce tronçon du  corridor Douala-N’djamena. Les travaux, d’un coût total de près de 46 milliards de FCFA aux mains d’un amateur !

A cache-cache à la pénétrante Est de Douala

« C’est pour cela que la première décision prise a été de mettre à un bon niveau de service l’axe alternatif que nous avons identifié. L’info claire et nette. Nous réalisons là un boulevard urbain futuriste, donc notablement complexe dans les travaux d’aménagement et qui appelle une bonne connaissance de la pratique, une bonne technologie. Tel ne me semble pas être le cas pour l’entreprise qui est là aujourd’hui, encore moins pour la mission de contrôle qui n’a pas sonné l’alerte. La deuxième mesure prise, c’est que tous les travaux réalisés par l’entreprise vont être évalués, toutes les prestations réalisées par la mission de contrôle vont être évaluées. Nous allons pouvoir apprécier la consistance de ces travaux et les décisions futures suivront », ajoute le Ministre lors d’une interview à Cameroon Tribune.

 « Nous allons très rapidement réparer cette route, traiter toutes les dégradations pour la rendre circulable. L’autorité administrative prendra les décisions visant à orienter un certain nombre de véhicules par-là », a expliqué monsieur Nganou Djoumessi, le Ministre des Travaux publics.

Il a fallu que les médias fasse le buzz des plaintes des populations pour que le ministre Nganou Djoumessi arrive enfin sur Douala pour dire son mécontentement de la manière dont les travaux sont dirigés à la pénétrante Est de la capitale économique du Cameroun. Après l’arrêté du Préfet qui a ordonné il y a deux jours la restriction de la circulation des gros porteurs entre 6h et 22h. Son poste est sûrement en danger. Avec lui, l’on va donc revisité l’inachèvement des travaux du tronçon Village – Yassa – Pont sur la Dibamba, avec ses nids d’éléphants, ses inondations, ses voies boueuses. Les riverains sont coupés de leur domicile, avec risques sanitaires énormes et éléments de sécurité presque inexistante.

A quoi joue Nganou Djoumessi ?

Pourquoi la mission de contrôle du ministère des travaux publics n’a pas sonné l’alerte avec 6 % seulement des travaux réalisés sur les 54 % du taux de réalisation qui aurait dû s’afficher à ce jour ? Qui a pris la décision de  l’attribution de ce marché de la pénétrante EST de Douala, d’autant plus que le ministre se comporte ce jour comme venant tout juste de découvrir l’existence du chantier. Il parle des mesures conservatoires, tout ce qui aurait dû être réalisé avant le début des travaux. Cela fait pourtant 10 mois que la pénétrante Est de Douala est en chantier par une entreprise sélectionnée, nous avait dit ce même Mintp, après « une procédure rigoureuse » que l’on a voulue médiatisée à gogo. On se rappelle encore des 42 milliards pour 9 km de route qui ont fait jaser plus d’un.

Le ministre Nganou Djoumessi n’a pas su mettre les populations au courant du volume réel des travaux. Seul le pactole à sortir des caisses de l’Etat, l’argent des contribuables intéressait les différents acteurs impliqués dans ledit projet. Le ministre des travaux publics en premier qui ne s’est pas fait prier pour justifier le décaissement devant les médias et à l’assemblée Nationale du Président Cavaye Yeguié Djibril. Selon la CRTV-radio, le média d’Etat, ce 07 avril, à son 13 heures, « Il y a 10 mois, le monde entier découvrait alors une entreprise avec un Caterpillar et deux vieux camions loués quelque part à Yassa commencer les travaux d’une telle envergure ». On a compris vers où l’on va à petits pas à présent qu’il est clair que la pénétrante Est de Douala fait perdre des millions de FCFA au pays chaque jour. Le ralentissement de la circulation inclus le ralentissement de l’activité économique.

Un système d’attribution des marchés défaillant

Encore selon Jean Marie Nka de la CRTV sur cette pénétrante EST de Douala, « en 2016, une entreprise à la technicité éprouvée et la surface financière éprouvée avait obtenu un financement d’un consortium d’épargne local des bailleurs de fond pour la réalisation des travaux de Yassa. Yaoundé avait d’abord donné son accord avant de se rebiffer pour passer à l’appel d’offres. Cette procédure a donc donné le résultat d’aujourd’hui : la catastrophe ! Un énorme gâchis, des milliards qui partent en fumée tous les jours avec sous les bras une entreprise qui n’a pas des moyens de réaliser ce travail. ».




A écouter cette analyse du média d’Etat, on a tout à se demander si ce n’est pas tout le système des passations des marchés qu’il faut revoir au Cameroun. Pourquoi par exemple ne pas donner des moyens considérables à une entreprise nationale des travaux publics à l’expertise avérée, voire au Génie militaire pour la réalisation des travaux de l’Etat ? Aux Etats-Unis et dans biens de pays de l’Union européenne, en Chine comme en Inde et en Russie, une entreprise privée ne gagne pas certains marchés de l’Etat, pour ne pas dire aucun marché public que ne peuvent réaliser les entreprises nationales. Cela est consigné dans une loi bien claire pour tout le monde. Est-ce donc une voie goudronnée ou des éléments architecturaux d’une route que les Camerounais ne peuvent encore réaliser à bien en 2019 ? Le Camerounais doit changer de comportement face aux « grands dossiers de l’Etat ».

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