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L’analyse de Moody’s serait-elle commandée par les défenseurs du FCFA?

Agence analyse Moody's

Agence analyse Moody's

Selon l’analyse de Moody’s du mois d’août, 2 économies des pays du Franc CFA sont plus résilientes que celles du Nigéria, du Ghana et de l’Afrique du Sud. Notons juste les incongruités. Mais bon, l’économie du Cameroun avait tout aussi eu cette résilience lorsque le prix du baril était descendu à 30 dollars, me diriez-vous. Oui, ce qui avait poussé l’Angola à toquer les portes du FMI alors que le Cameroun se portait plutôt bien. mais il nous arrive de penser que cette résilience saluée par Moody’s aurait pour but de réconforter le camp de ceux qui pensent que le Franc CFA est une « bonne monnaie ». Alors, les Camerounais qui dansent sous l’analyse d’une agence qui vend ses services devraient se poser la question du pourquoi cette analyse apparaît en ce moment, à quelques mois de la rupture des accords du Francs CFA avec la France. Qui a commandé cette analyse alors que les regards sont tournés vers l’ECO ?

En avril 2019, L’agence de notation américaine Standard & Poor’s (S&P) menaçait de dégrader la note du Cameroun si ses indicateurs macroéconomiques ne s’améliorent pas dans les 12 prochains mois. Il avait donc été question pour cette agence qui octroie la note B/B à la dette souveraine à long et à court termes du Cameroun, d’attirer l’attention du Gouvernement camerounais sur la nécessité d’améliorer certains indicateurs macroéconomiques. Il s’agissait entre autres du déficit budgétaire et de l’endettement public. Pour expliquer son « pessimisme » sur certains aspects de l’économie du Cameroun, S&P parle des risques économiques et politiques auxquels est actuellement exposé le pays. Ces risques sont connus par tous. Il s’agit de la crise sociale dans les régions du Sud-Ouest et du Nord-Ouest, le Boko Haram à son extrême-Nord, les incursions à l’Est et les crises à l’intérieur du fait des partis politiques, et des médias.

Ce que dit Moody’s

Standard & Poor’s avait dit : « Nous pourrions réviser la perspective à « stable », si les tensions sociales et politiques s’apaisent, si les déficits budgétaires et le ratio de la dette publique nette au PIB diminuaient … ». Il nous apparaît donc clair ici qu’au mois d’avril, les prévisions n’étaient pas très, très bonnes pour notre économie. Certes, Moody’s parle de la résilience et pas vraiment de donner une nouvelle note souveraine au Cameroun, mais il est possible d’y voir un lien, entre la bonne tenue de l’économie du pays et sa résilience au choc. En effet, ce que dit Moody’s est que le Cameroun a bien conduit son économie ces dernier temps, qu’il est digne de confiance pour ses bailleurs, qu’il peut rembourser ses dettes même en cas d’une chute brusque des matières premières. Ce que, selon lui, ne peuvent pas le Nigéria ou l’Afrique du Sud, les deux premières économies du Continent.

On se rappelle encore que c’est en 2016, au cœur de la lutte contre Boko Haram et le début de la crise dans les régions de Sud-Ouest et du Nord-Ouest que cette Moody’s a donné sa première note à l’Etat du Cameroun. Selon son analyse, elle était « B2 » et se basait sur ses obligations en monnaie locale et en devises étrangères. Cette première évaluation de la notation souveraine du Cameroun publiée le vendredi, 05 août 2018, à la clôture des marchés financiers, a fait jaser plus d’un dans le pays et a fait pleuvoir une tonne de reproches au Gouvernement de Philémon Yang et au Chef de l’Etat Paul Biya. Comme quoi, il leur fallait rendre le tablier. Et à ce moment-là, presque tous les médias d’opposition ont clamé haut et fort que la notation avait été décidée à l’initiative de l’agence Moody’s elle-même.

Moody’s veut-il légitimer la zone Franc ?

Elle est à ce jour de B chez S&P et  la même chez Fitch Rating Ltd. Ce qui veut dire « Très spéculatif », un comme du rouge orangé pour une économie ou pour une confiance des bailleurs de fonds. Il y a plusieurs agences de notation dans le monde. Les plus connues sont Standard & Poor’s (S&P), Moody’s et Fitch Rating Ltd qui contrôlent à eux tous trois 80 % du marché mondial. Elles se chargent d’évaluer le risque de solvabilité des emprunteurs. Chaque agence à sa propre méthodologie et système de notation. En recoupant le système de notation de trois agences on peut établir une synthèse d’échelle de notation. La plus haute note est AAA (meilleure qualité de crédit, risque le plus faible pour l’investisseur, forte capacité de l’emprunteur à faire face à ses obligations  sur le très long terme) et la note médiocre est D (situation de faillite de l’emprunteur, risque trop élevé de défaut de paiement).

Les clients de ces agences sont généralement les entreprises multinationales, les entreprises publiques et privées, les banques et les collectivités locales en quête des fonds. Quand une entreprise recherche un financement, que ce soit par financement bancaire ou par émission d’obligations sur le marché, elle « commande » un bulletin d’évaluation auprès d’une agence de notation. Plus la note est élevée, plus elle attirera des investisseurs potentiels à des taux d’intérêt avantageux. Par contre, si la note est médiocre, l’entreprise aura d’énormes difficultés de mobiliser des fonds et les taux d’intérêts seront prohibitifs. On comprend facilement l’énorme influence qu’ont les agences de notation. Au fil des années, les marchés financiers font confiance à ces agences de notation et suivent presque religieusement les notes qu’elles dispensent.

Incompréhension

L’intérêt serait de connaître qui a commandé cette analyse cette fois-ci. Est-ce l’Etat du Cameroun et pour quel but ? Ou alors celui qui voudrait présenter à la face du monde que le Franc CFA est une bonne monnaie ? Le gouvernement Camerounais ne peut prendre ce risque en cette période de crise et d’instabilité sociale. Avec de forte chance de le biaiser. Quoi de plus probable de retrouver deux pays de la zone Franc parmi les trois premiers de ce rapport ! Cela intrigue de savoir que ni le Ghana, ni le Nigéria, ni l’Afrique du Sud, pour ne parler que de ces pays dynamiques du continent, ne figurent pas en tête de liste.




Mais comment la résilience de l’économie camerounaise est-elle devenue plus robuste que celle des puissances économiques d’Afrique ? Même si ce pays a un tissu économique plus diversifié que celui de beaucoup des pays du continent, il n’en demeure pas moins qu’il reste moins industrialisé que celui du Nigéria et de l’Afrique du Sud. On tirerait alors vers une incongruité dans ce rapport. Seulement on vous parlera de la diversité, du pétrole qui ne pèse pas trop dans l’économie, etc. Mais rien ne nous lassera de continuer à poser des questions sur cette économie attaquée de partout et qu reste debout et têtue. Le Cameroun c’est vraiment le Cameroun.

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