Cameroun : au nom de la paix, les victimes n’auront pas de justice
Au nom de la paix, il n’y a pas eu au Grand Dialogue National un seul témoignage des victimes des séparatistes. Pour cette paix, on a tout passé par pertes et profits. On a omis, volontairement ou non, de mettre en place une commission justice et réconciliation. La soif d’en finir et de passer à autre chose n’est-elle pas en train de libérer les démons de la perte de la nation ? Les victimes des séparatistes et des discours irresponsables de certains acteurs politiques ont été oubliées. Des populations du Nord-Ouest et du Sud-Ouest réclament justice et réparations. Mais pas seulement. Aussi, celles qui se sont vues prendre à partie dans les réseaux sociaux.
Le Président de la République du Cameroun, Monsieur Paul Biya, vient de libérer près de 500 individus en une seule semaine. Ceux arrêtés dans le cadre de la crise sociopolitique dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest et ceux qui se sont illustrés en essayant d’installer une crise post-électorale dans le pays. L’avenir seul nous dira si ces actes politiques du chef de l’Etat ont réussi à calmer des esprits. D’autant plus que les guerres naissent dans les esprits, et c’est dans les esprits qu’il faut les tuer.
La paix sans les victimes.
On sait que pour beaucoup de libérés, la propagande négative contre l’Etat, les institutions et le Gouvernement est était le commerce politique et idéologique idéal pour se faire une renommée. Dans toute cette lutte d’influence, de légitimité ou de reconnaissance, les membres de certaines familles, parfois apolitiques, sont décapités. Aussi, les époux et épouses sont tués, les chefs de familles sont brûlés vifs. Ces victimes directement tombées sur le champ de batailles des éléphants de la piste vers le pouvoir, entraînent avec elles celles qui se signaleront avec le temps. Celles que l’on peut classer ce jour aux dommages collatéraux. Depuis la fin du Grand Dialogue National initié par le Président Paul Biya dans son discours du 10 septembre et qui a pris fin le 4 octobre, le climat politique a changé.
L’objectif qu’est la paix se poursuit.Si l’on prend en compte la joie, les discours, les attitudes, après les arrêts de poursuites judiciaires ordonnés par le Président Paul Biya le 3 et 4 octobre 2019. Tout est donc bien dans le meilleur du Cameroun. Mais si tout est autorisé pour apaiser la masse, tout n’est pas utile. Les victimes ont besoin de justice pour se réparer. Des séparatistes ont été libérés, les auteurs des troubles à l’ordre public aussi, de même que ceux qui ont des discours violents dans les réseaux sociaux et dans les médias. Leur état d’esprit reste pourtant toujours inquiétant. Le discours des séparatistes à la plénière du Grand Dialogue National peut tromper.
Côté sombre
Si les gestes d’apaisement dans le sens du Chef de l’Etat continuent, ça craint de voir ce pays ignorer la douleur des victimes. Il pourrait devenir un Etat où la paix peut être placée au-dessus de la justice et des réparations, dans lequel les futurs bourreaux auront la jurisprudence du Grand Dialogue National pour défense. Les 3000 morts au NOSO pourront-ils recouvrer la paix sans la justice ? A présent au Cameroun, il y a risque de décapiter impunément, brûler et violer sans être condamné. Peut-on intensifier impunément la violence, la haine, le tribalisme, semer la mort dans un Etat qui se respecte et être sauvé par un GDN ? Vers qui se tourner si notre bourreau peut être élargi au nom des raisons politiques ? Cependant, a-t-on le droit, au nom de la paix, de renier le besoin de justice des victimes tombées sous les coups des séparatistes ou des hommes politiques ? Une communication efficiente du Gouvernement est attendue pour apaiser les esprits revanchards.
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