Bon de caisse : le Cameroun passe à la biométrie et économise de l’argent
L’imprimé du bon de caisse du Cameroun était fait en France depuis l’indépendance. Un grand marché de 320 millions de FCFA qui ne sera plus avec le passage à la biométrie dans le paiement du solde des agents de l’Etat. A partir de cette fin de mois d’octobre 2019, 145 000 fonctionnaires de l’Etat qui touchent moins de 100.000 Francs CFA retireront leur salaire à présent en présentant simplement leur CNI à la banque. Le bon de caisse était juste un imprimé ordinaire à deux feuillets blanc et jaune. Il n’était pas vraiment sécurisé. C’était de la responsabilité du Directeur du Centre national de développement informatique (CENADI) de passer la commande à l’imprimerie Mont Paragon de Douala qui appartient à un groupement de Français. On comprend aisément d’où pourrait partir la fraude et les complicités.
Pour y arriver, le Gouvernement camerounais dans sa politique d’assainissement, un peu bousculé par les institutions financières internationales, est passé depuis par les opérations ANTILOPE, SIGIPES 1 et 2, Comptage physique du personnel de l’Etat, Virement bancaire individualisé, etc. Le bon de caisse n’a pas survécu à cette énième dématérialisation des pratiques qui concourent au paiement sécurisé des fonctionnaires. La question dont se posent notre rédaction et beaucoup de Camerounais est de savoir comment un pays pauvre tel que le Cameroun a-t-il pu, et par quelles complicités endogènes, continuer à offrir un marché de 320 millions de Francs CFA chaque mois à une imprimerie étrangère à côté d’une imprimerie nationale ? Ou alors, le contrat qui liait cette entreprise avec l’Etat du Cameroun est-il aussi issu des accords coloniaux qui ont été signés quelques jours avant les indépendances entre la France colonisatrice de certains et pays tutélaire du Cameroun ?
Vive le bon de caisse biométrique
Le bon de caisse a vécu 75 ans. Chaque fin de mois les agents de la solde présentaient le document au trésor public pour se faire payer. Le bulletin de la solde était un document à valeur financière comportant tous les éléments de la solde. Depuis avril 2018, avec le début de l’assainissement du fichier solde de l’Etat par le COPPE qui a permis l’économie budgétaire de 30 milliards de FCFA par an , le comptage physique du personnel de l’Etat qui aurait permis, au dire du gouvernement camerounais, de la maîtrise de la masse salariale de l’Etat. Après le COPPE est venu le Systac, le système de télé-compensation en Afrique centrale, qui a mis fin au système de virement bancaire groupé. Il a permis l’invalidation de plus de 300 agents publics. Chaque virement partant du ministère des finances est à présent destiné à un individu dûment identifié. A la clé 20.000 matricules non validés ne perçoivent pas leur salaire. A contrario, 388 000 agents publics et pensionnaires passent au guichet en août 2019, ils seront 322 000 en septembre et encore moins en octobre prochain.
Dans ces opérations d’assainissement, 6 hauts cadres aux arrêts pour détournement de plus de 13 milliards de FCFA de salaires indûment versés contre de retro commission. Le Cameroun a réussi dans cette lutte contre les pilleurs de la fortune de l’Etat à faire une économie budgétaire annuelle de 30 milliards de FCFA en 2018 et supprimer 10.000 fonctionnaires fictifs en la seule année 2019. Dès ce mois d’octobre, le Cameroun prend un nouveau cap. Celui du procédé biométrique contre le document physique. Un gain financier énorme avec la suppression des coûts liés à l’usage des supports papiers imprimés à l’étranger, et qui coûtait plus de 320 millions de FCFA chaque mois au contribuable.
Pièces à fournir pour la biométrie
Pour être payés, ces agents devront se munir d’éléments biométriques suivants : deux photos, la carte nationale d’identité, trois spécimens de signature. Ces données seront informatisées. Une période de trois mois est accordée à la population cible pour se mettre à jour. « Passé le 31 décembre 2019, les salaires et pensions de ceux qui ne seront pas à jour seront suspendus », avertit le directeur de la Comptabilité publique. Il en est de même pour ceux ayant une rémunération supérieure ou égale à 100 000 F et qui réussissaient encore à la percevoir par bon de caisse. Ils doivent ouvrir des comptes bancaires.
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