À LA UNEPOLITIQUE

Questionnements autour de l’Article 246 du Projet de loi Code CTD

Projet de loi, Assemblée nationale

Jamais l’Article d’un Projet de Loi n’a fait autant de buzz dans les réseaux sociaux ! Autant le Délégué du Gouvernement est nommé par l’Etat, de même le maire de la ville sera élu par ses paires. Avant toutes choses, notons que le Statut spécial accordé aux Camerounais de langue anglaise, qui aiment à se nommer « Anglophones », et soutenus par ceux qui sont contre l’Article 246 du Projet de Loi Code CTD à présent, est une reconnaissance de l’autochtonie des peuples du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Comment pouvons-nous accepter la création de régions spéciales dans notre pays et refuser ensuite de reconnaître à d’autres peuples le droit de de gérer aussi les affaires de leurs cités natives ? En fait, au Cameroun ce ne sont pas des partis politiques qui se font la guerre, mais des tribus avec la lutte politique en cache-sexe.

Lorsqu’on sonnait l’alarme pour faire comprendre les enjeux à ceux qui sympathisaient avec la cause des séparatistes, ou avec le fédéralisme, qu’on leur disait être en train d’ouvrir la boîte de pandore, ils parlaient d’intelligence et de stratégies. L’article querellé oblige tout un chacun de se poser de vraies questions. Malheureusement, les hommes et femmes politiques qui aiment tout récupérer sans aucuns égards pour le Cameroun se sont encore servis dans le plat de la naïveté des masses citoyennes. Ils font comme s’il y a une autre différence que celle suscitée entre les deux dirigeants de la ville, qui ne peuvent coexister dans une même et unique commune. Qui est le Délégué du Gouvernement à Yaoundé ? Autochtone ou pas ? Et à Douala, Bafoussam, Garoua, Bamenda, etc. … Autochtone ou pas ? On y vit depuis. Nos Délégués du gouvernement répondent tous à ce critère. Le gouvernement suit cette logique en y insérant juste une élection.

Une loi soucieuse de l’ordre public ?

Cessons de faire de la récupération politique là où le Cameroun n’en veut pas. C’est ainsi, même sous d’autres cieux. L’on ne peut avoir vécu toute sa vie à Lille et venir être maire de la ville de Paris ou de Bordeaux. Alain Juppé, fils de Bordeaux, Mitterrand de la Corrèze, Bruno Le Maire et Jacques Chirac, enfants de Paris. Seulement, il y a en Europe le Code de nationalité et le code de la citoyenneté bien emménagés. Nous voulons aller sans prendre du temps à reconsidérer plus d’une fois, froidement, la faisabilité d’une loi ou code de la citoyenneté ou de la nationalité dans nos vécus actuels. Sommes-nous prêts à sauter le pas ? Etre né à Douala de parents Bafoussam et avoir sur son acte de naissance Originaire de Douala, et que l’on soit tenu toute sa vie par son acte de naissance dans toutes ses affaires juridictionnelles, d’imposition, etc. … mortuaire ?

Jusqu’à quand accepterons-nous qu’un individu devienne maire d’une ville ou d’une commune et est dans son village appartenant, non pas à une commune proche mais à une autre région, chaque week-end, ou utilise l’argent du contribuable d’une commune pour aller investir dans une autre commune ? Ceux qui parlent des camerounais de la France doivent savoir que le code de la citoyenneté de ce pays fait de celui qui est né à Paris, un Parisien et de celui né à Marseille un Marseillais. Être partout chez soi dans un pays veut-il aussi dire pour nous Africains, profondément communautaires, ne pas savoir légalement d’où l’on vient ? Plus loin. Allons-nous cesser de retourner nos corps après toute une vie vécue ailleurs dans le village de ceux venus avant nous et dont nous transportons des liens de sang, sauf en cas de force majeure ?

Des codes à produire

Cette pratique du retour des corps n’enseigne-t-elle-t-elle pas qu’en réalité nous savons tout au fond de nous, intimement,  être des allogènes d’où l’on nous prend mort et autochtone là où l’on va nous enterrer pour le repos éternel auprès des nôtres ? Sommes-nous prêts à accepter la maxime de la décentralisation qui dit « pas d’installation dans une ville et payer plutôt ses impôts dans une autre » ?

Si les Camerounais veulent y aller, qu’il y aille. Une loi consensuelle pour nous faire cesser d’être du lieu d’où viennent nos arrière-grands-parents pour être de là où on est né et a grandi suffit. Un principe à codifier dans une loi, mieux dans la Loi Fondamentale, notre Constituante comme NATION et CITOYEN. Adieu à une certaine existence de fait de nos tribus. Sommes-nous déjà à un degré d’amour si fort du lieu où nous sommes par intérêt pour la survie, pour nous en sortir, pour le travail, un amour supérieur et plus important que celui du lieu de nos attachements, du village de nos parents ? Ces contrées que parfois nous ne connaissons même pas mais que nous défendons dans nos propos comme des gardiens de la tradition ? Que ferons-nous de « l’appel du sang » et de nos coutumes ancestrales ? Alors, sommes-nous déjà prêts à accepter qu’un étranger dans la terre de nos « Parents » viennent à gouverner notre patrimoine ancestral alors que dans certaines communes, voire régions l’on ne tolère même pas encore un « étranger » comme maire d’une petite commune ? Sommes-nous déjà tous entrés dans la République, ou voulons-nous juste une escroquerie intellectuelle sur d’autres peuples ou … tribu ?

Au-delà des tribus

Une gestion saine de nos différences dans l’apprentissage du « Pourquoi sommes-nous Camerounais », de ce qu’est avoir un Destin commun, le comprendre, l’accepter et travailler « sans borne à jamais » pour le réaliser, de nos acceptations, s’impose pour bâtir un Cameroun sans un autre conflit comme celui du NOSO, un conflit d’affirmation de son identité ou de la réappropriation de sa culture (de colonisé ou de l’homme libre depuis des millénaires, c’est selon son niveau de compréhension des défis de l’ère actuel) qui naîtra ailleurs, dans plus ou moins de 30 ans. Un conflit d’autochtonie ! Car d’autres peuples du Cameroun peuvent également, pour leur survie, se lever un jour proche et couper quelques têtes pour se faire entendre, en comptant sur le pardon faits aux auteurs des troubles du NOSO comme jurisprudence.

Simon Ngaka

Directeur de la Publication de Saimondy, Journaliste à l'hebdomadaire "ça presse", Analyste géopolitique, Écrivain, Ingénieur de son, Auteur - Compositeur et Producteur de musique. Simon Ngaka est aussi webmaster. En 2009, il met sur pied le groupe des sites de communication Saimondy (.com, .net, .org. et acheteraucameroun.com). Téléphone : +237 - 699340064 / Email: saimondy@gmail.com

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