Que viendrait faire Macron au Cameroun à la fin des accords sur le CFA ?
Le CFA en crise ? Jean-Yves le Drian une fois encore au Cameroun après son séjour des 23 et 24 octobre 2019 ? Une certaine presse camerounaise lie déjà cette autre venue du ministre des affaires étrangères de la France au Franc CFA et à Bolloré qui va perdre le Terminal à conteneurs du Port Autonome de Douala dès le 31 décembre 2019. Il ne serait non plus réaliste de ne pas lier l’arrivée probable du Président de la France en Afrique centrale à ce qui s’est lié en Afrique de l’Ouest avec les annonces sur l’ECO.
Les pays de la CEMAC ont refusé de faire partie de la monnaie de l’UEMOA. Certains de ses dirigeants refusent même d’envisager quoi que ce soit de plus avec cette monnaie dont les accords ont pris fin ce 26 décembre 2019. Ainsi se justifierait-il que l’on perçoive en la visite probable de Jean-Yves le Drian au Cameroun, une préparation à la venue d’Emmanuel Macron. La France a un besoin criard de ne pas perdre la main dans la manne monétaire de la CEMAC qui reste rebelle à son initiative, en ces temps des Gilets jaunes et de toutes les crises sociales qu’elle traverse.
Cependant, le Cameroun qui est la locomotive de cette zone, et qui par deux fois à court-circuiter la dévaluation envisagée d’abord par Christine Lagarde alors Directrice du FMI et par Jean-Yves le Drian, n’a peut-être pas dit son dernier mot. Ce pays a une carte importante à jouer. Officiellement et juridiquement, il ne fait pas partie des colonies de la France, malgré la politique coloniale y avoir été appliquée par ce dernier alors qu’il n’était qu’un pays sous sa tutelle confiée par l’ONU. C’est ce que les Camerounais appellent le contentieux Historique. IL plombe les relations entre ces deux Etats depuis des décennies.
Une belle occasion pour les souverainistes
Avant de continuer dans cet article, laissons parler Nathalie Yamb, la Camerounaise de nationalité Suisse qui défraie la chronique depuis son discours anti Franc CFA à Sotchi en Russie. « Nous voulons sortir du Franc CFA … La conquête de notre souveraineté monétaire est capitale … La seule stabilité que le Franc CFA garantie aux pays qui l’utilisent sont la mauvaise gouvernance, la pauvreté, et la corruption. Nous voulons le démantèlement des bases militaires françaises qui, sous couvert d’accords de défense bidons, ne servent qu’à permettre le pillage de nos ressources, l’entretien de rebellions, l’entrainement de terroristes, et le maintien de dictateurs à la tête de nos Etats. Nous refusons que la France continue d’usurper la voix de l’Afrique à l’ONU, qu’elle soit à la base de quasiment toutes les résolutions concernant le continent ».
Si le Président Emmanuel Macron viendrait à mettre pied au Cameroun, ce sera pour signer quelque chose d’important. Les navettes des personnalités françaises nous apprennent que les négociations ont été activées depuis presque deux années déjà. Les chefs d’Etats n’apparaissant qu’à la fin des négociations pour parachever le deal. Une analyse de certains stratèges nous apprend qu’avant ce jour, ce pays a d’abord eu le chantage comme moyen.
Avec Boko Haram, la crise sociopolitique du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, la crise sociopolitique en Centrafrique par les incursions de la Seleka à la frontière Est du Cameroun, les troubles post-électorales de la Présidentielle d’octobre 2018. Tous avaient pour objectif de ramener le Cameroun sous la coupe des accords militaires et monétaires, misant sur l’incapacité du Cameroun à sécuriser ses frontières et son développement. Ce qui n’a pas eu lieu dans le pays du BIR et de la résilience économique. Puis est venu le temps des beaux yeux du pompier pyromane.
Le temps des résolutions sur le CFA
A présent, c’est le temps des affaires entre deux Etats dits souverains dans lequel dépendront l’intelligence et la capacité de chaque partie à bien négocier. Le Cameroun n’est cependant pas très demandeur car ayant des pistes multiples pour sa survie monétaire. Mais il ne faut jamais oublier que le Franc CFA appartient à la France et non au Cameroun. Continuer à l’utiliser par le pays de Paul Biya serait ipso facto interpeller son propriétaire à réclamer des droits de propriété.
Et c’est ce qui pourrait emmener le Cameroun, qui n’a pas encore sa propre monnaie, et jusqu’ici n’en a jamais officiellement dit en vouloir, à la table des négociations avec la France. L’Afrique centrale va-t-elle aussi adopter un changement de nom avec quelques changements non négligeables mais sans couper le cordon ombilical avec la France ? Ou saisira-t-elle cette belle occasion de limiter dans un temps très court l’utilisation du Franc CFA en vue de la création d’une nouvelle monnaie qui ne serait en rien liée à la France ? Les Camerounais attendent beaucoup du discours de fin d’année du Président Paul Biya qui sait des fois être très révélateur de l’Etat de la Nation.
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