Le MRC : un parti victime du culte de la personnalité de son président ?
Cela fait plus d’un an que le MRC (Mouvement pour la Renaissance du Cameroun) vit en sourdine un vrai défi existentiel et d’affirmation. Son principal leader est celui qui s’en sort le mieux avec un nom devenu populaire dans les réseaux sociaux, et une image beaucoup plus médiatisée que le logo et les couleurs de son parti. A côté, tous les autres font naines personnes adsorbées par l’aura plus ou moins imaginaires du Président du parti. Certains de ses cadres n’ont même pas de page Facebook, pas de compte Twitter, même pas de groupe d’un seul réseau social qui parle d’eux en mettant en valeur leur action dans ce parti et dans la société. D’autres croupissent en prison, tel le 1er Vice-président Mamadou Mota, presque oublié, les jours de ses procès ignorés par le gros des membres.
Des mois peuvent s’écouler sans une seule ligne sur un autre cadre du MRC que Maurice Kamto. Leurs noms tendent même à disparaître des mémoires au profit de celui seul du principal leader, s’ils n’usent tel que Célestin Djamen des artifices pour se remettre par ses propres brasses au-devant de la scène politique, contre des fans hystériques qui semblent ne pas vouloir entendre un autre nom prononcé que celui de Maurice Kamto. Plus que dans le parti politique maître en la matière, le RDPC, le culte de la personnalité dans la MRC est tellement violent et obscurantiste, qu’il a vite fait de renvoyer la communication sur les objectifs du parti politique au second plan de la propagande politique.
Un tort évitable au MRC
Les dispositions sur les manifestations publiques en vigueur dans la République du Cameroun obligent la déclaration de toute manifestation publique, encore plus politique. Certes, dans le pays des Sous-préfets très zélés, l’opposition n’a pas toujours cette possibilité aisément accordée au parti au pouvoir de faire des meetings et des marches de protestations. Ceci a pour effet de pousser certains hommes politiques à la révolte et à l’envie plus ou moins inconsciente de défier les autorités administratives. Prétexte qu’à bien su prendre en son compte le président du MRC qui se donne aujourd’hui une figure de contestataire univoque du pouvoir en place.
Ainsi révélé, il bénéficie avec quelques-uns seulement de ses lieutenants, un cercle très restreint, de l’éclat obtenu un moment par le parti au niveau international. Il voyage, mange et dors dans de grands hôtels, d’un avion à un autre, d’une ville à une autre ; il renforce les soutiens autour de son idée de devenir président, mais tout compte fait, loin de l’idée de savoir certains cadres du parti devenir maires ou députés. Le scrutin présidentiel est une élection transpartisane, c’est-à-dire qui met une personnalité face à une population, sans trop s’appuyer sur un parti politique. La confiance naît de premièrement de cette personnalité. C’est cette image et cette confiance que travaille Maurice Kamto, de manière subtile, en se jouant de ses propres membres. Et c’est ici que le MRC gagnerait à redevenir un parti pour la gagne du pouvoir et non pour le destin d’un seul homme. Ce parti aurait dû aller au scrutin couplé du 09 février 2020 avec le peu de moyen logistique et humain qu’il avait. Son énorme capital sympathie aurait pu offrir à l’opposition une cohabitation au Gouvernement.
Valeur politique en 2020
Que représente le MRC à ce jour dans l’univers politique camerounais ? Presque rien ! Après les Municipales et législatives, le parti mené par Maurice Kamto n’a aucune plus-value dans son pays. Pas de conseiller municipal, pas de maire, pas de possibilité d’avoir un maire d’une ville non plus selon la Loi Code sur les Territoires décentralisés en vigueur au Cameroun avec son Article 246, et pas de député. Et bientôt l’installation des présidents et administrateurs des Régions. Là non plus aucune possibilité, selon ledit code. Bref, c’est un parti qui pendant 5 années au moins devra jouer en sous-marin, comme au temps du maquis. Les soient-dites « victoires » que remportent le professeur Maurice Kamto hors du Cameroun ne sont pas celles du MRC, ses rencontres non plus ne sauront en être autrement dans l’arène politique.
Ce parti voit en son sein naître une nuit des longs couteaux. Hier adulés, certains membres et cadres sont à présent honnis et insultés parce que, s’étant vus après des années de sacrifice enfin élus du peuple, ont osé critiquer le « boycott » lancé par le président du parti. Il a su en son temps aller à l’élection présidentielle. Mais une fois arrivées les municipales et les législatives, a plutôt choisi le boycott sans une vraie raison. Hypocrisie pour certains, suicidaire pour d’autres. Ce faisant, le culte de la personnalité du chef se poursuit dans les réseaux sociaux alors que dans les médias, le MRC ne fait plus la grande Une des journaux, seules des télés partisanes invitent encore ses membres dans des débats politiques. Personne ne peut dire avec exactitude ce que ce parti défend, veut ou promeut, encore moins ce qu’est son plan de société. Tout a été négligé au profit de l’image de Maurice Kamto.
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