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La neige à Bana : quand la pauvreté s’invite à la table des Grass Fields sous le regard complexé des fils et filles de la région de l’Ouest

De la neige à Bana

De la neige à Bana

Cet article est un regard froid posé sur les possibilités de soutenir un changement brusque du mode de vie à Bana et dans les Grass Fields. La vague de froid qui a frappé tout le Cameroun ces jours des dernières pluies de septembre a fait tomber sur la ville de Bana de la poudre blanche du ciel, en confirmant à regret ce que bon nombre de climatologues africains sont en train de craindre. Cette poudre blanche ou cette neige selon certains, enivrante soit-elle, n’est pas une manne qui nous tombe du ciel. Au contraire, une alerte vient d’être lancée dans la région de l’Ouest, la plus petite en superficie du pays et l’une des plus importantes en densité (13 892 km2/124 habitants au km2, chiffre de 2005 non mise à jour en 2021).




Elle nous annonce qu’au Cameroun, ce ce pays où coulent le miel et le lait en abondance, celui qui possède 4 récoltes par an, court le grand risque de se retrouver d’ici quelques années aussi affamé que ceux de l’Occident. Mais aussi, que les faits et habitudes d’Occidentaux pollueurs de climat ont réussi petit à petit à retourner celui-ci contre les prédispositions naturelles des Africains. Chez eux déjà, une vague de chaleur frappe cette partie-là du monde qui n’a connu jusqu’ici que froid intempestif, ceci depuis des millénaires. Les incendies et autres feux de brousse démontrent à suffisance, si preuve était encore à rechercher, que la chaleur et le soleil seront à eux dans un futur proche tandis que les choses se passent de plus en plus mal en Afrique.

Bana et sa neige maudite

Voir la neige tomber peut être un jolie instant de joie et de voyage sans décoller de sa terre natale, l’esprit tourné vers cet ailleurs dont certains poussent le culot à des traversées à faire pâlir tout non-Africain. Mais voici qu’au lieu de craindre le pire, d’être en alerte, les fils et filles de Bana, voire de toutes les contrées des Grass Fields à l’Ouest du Cameroun, exhibent cette autre malédiction comme un trophée gagné au J.O, ils le brandissent naïvement haut dans les réseaux sociaux, oubliant étonnamment que passent la misère, la famine et le désœuvrement là ou passe la neige.




En effet, s’il a neigé à Bana ou dans toute la région de l’Ouest, ses cultivateurs, chasseurs, commerçants des marchés, familles modestes vivant au jour le jour, doivent plutôt s’en inquiéter. Car c’est justement la neige et ses longs mois de disette qui ont aussi poussé hors de leur terre les occidentaux qui avec le temps et l’appétit des produits de la rapine sont devenus des hors-la-loi, ensuite des explorateurs sans âme, et pour finir colonisateurs d’autres humains sur terre.

Questions

Combien d’années pourra-t-elle tenir avant de crier famine et demander de l’aide d’urgence à l’Etat ? L’Ouest qui est déjà la plus petite région du Cameroun en superficie, qui ne produit presque rien en grande quantité, si ce n’est venant du Noun des Bamouns pourra-t-elle survivre alors que l’agriculture de rente y est déjà dominante en 2021 ? Ses champs de pomme de terre, de haricots verts et de tomates continueront-ils à exister sous la neige ? Elle dont la terre est presque improductive parce que bondées de roches, qui oblige ses fils et filles à aller ailleurs pour trouver de quoi nourrir la famille ? Il ne sera jamais bon que le mode de vie des pays enneigés une partie de l’année, qui font des paysages et cultures rabougris, devient celui d’un peuple libre, dynamique et fier de vivre sous le soleil d’Afrique.

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