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Algérie : Le Président Abdelaziz Bouteflika a démissionné

Abdelaziz Bouteflika renonce à un 5ème mandat

Il a remis sa démission au Conseil Constitutionnel ce mardi 02 avril 2019 au soir. Le 28 avril, Abdelaziz Bouteflika aurait régné jour pour jour sur l’Algérie pendant 20 ans. Face aux pressions des militaires, le chef de l’État algérien a été contraint d’anticiper son retrait.  Le départ d’Abdelaziz Bouteflika intervient sur fond de tension avec l’armée. Quelques heures avant cette annonce, le chef d’Etat-major de l’armée algérienne, le général Ahmed Gaïd Salah, avait demandé que soit « appliquée immédiatement » la procédure constitutionnelle permettant d’écarter le chef de l’Etat du pouvoir.

Dans un communiqué, l’armée algérienne a jugé non authentique le communiqué présidentiel du 1er avril qui a annoncé la démission du Président Abdelaziz Bouteflika avant la fin de son mandat. Elle estimait qu’il n’émanait pas de lui mais « d’entités non constitutionnelles et non habilitées », sans en dire plus. Sous la pression de la rue, le Président algérien avait déjà renoncé, en mars, à briguer un cinquième mandat et avait annoncé le report sine die de l’élection présidentielle normalement prévue ce mois d’avril. Une page de l’histoire de l’Algérie s’est donc tournée hier mardi, 02 avril 2019. Abdelaziz Bouteflika, 82 ans, a démissionné. Officiellement, le président « a avisé le Conseil Constitutionnel de la fin de son mandat de Président de la République», a annoncé un communiqué officiel publié dans la soirée.

 Le Conseil Constitutionnel déclenche ce mercredi, l’intérim du chef de l’État

Tout s’est accéléré avec la publication de la lettre de Liamine Zeroual, l’ancien président de la République (1994-1999) qui y raconte avoir rencontré le général Toufik, l’ancien chef du DRS, les services secrets dissous en 2016. Elle disait : « J’ai reçu, le 30 mars, à sa demande, le général de corps d’armée à la retraite Mohamed Mediène, qui m’a proposé de présider l’instance de gestion de la période de transition. Il m’a confirmé que cette proposition est le fruit d’un accord avec Said Bouteflika, le conseiller à la présidence de la République ».

Dans sa note de démission déposée au Conseil des sages, l’organe juridique suprême de l’Algérie, et publiée par l’agence de presse algérienne officielle APS, le Président Abdelaziz Bouteflika écrit : « J’ai honneur de vous notifier formellement ma décision de mettre fin au mandat que j’accomplis en qualité de Président de la République, à partir de ce jour, mardi 26 Radjab 1440, correspondant au 2 avril 2019Cette décision que je prends en mon âme et conscience est destinée à contribuer à l’apaisement des cœurs et des esprits de mes compatriotes, pour leur permettre de projeter ensemble l’Algérie vers l’avenir meilleur auquel ils aspirent légitimement. ». Abdelaziz Bouteflika a donc signé sa fin de règne offrant ainsi au peuple algérien un jour historique. Pour la première fois depuis l’indépendance, les Algériens ont réussi à pousser leur président vers la sortie, bien sûr, avec l’aide de l’armée qui a accélérer les choses.

Saïd Bouteflika, sous résidence surveillée

Said Bouteflika, frère et conseiller d’Abdelaziz Bouteflika, a été placé, ce mardi 2 avril dans la soirée sous résidence surveillée dans un domicile situé au niveau d’une Résidence d’Etat située à Alger. Son cas peut n’être interprété que comme « ni traitement violent, ni détention », pour le moment. Said Bouteflika vient de démissionner officiellement de son poste et il faut noter qu’il n’a subi aucun traitement violent ou humiliant. Saïd Bouteflika ne devrait pas faire l’objet d’une incarcération ni de poursuites judiciaires dans les jours à venir. Il lui est juste signifié officiellement l’interdiction de quitter sa résidence en attendant que la situation politique du pays s’apaise.

On l’entend d’ici et là, surtout chez les Africains qui cautionnent cette méthode de renvoyer les présidents élus sur le continent, mais il faut noter que le départ du président algérien est anticonstitutionnel, d’autant plus que ce dernier quitte le pouvoir poussé dehors par un infirme partie de son peuple avec l’appui de l’armée. Ce qui se passe en Algérien, on l’a vu en Tunisie, en Egypte, et plus proche de nous en Lybie de Mohammad Kadhafi. Dans ces Etats, l’espoir suscité par les démissions se sont fondus dans des frustrations et des regrets du temps passé. Ce qui se passe en Algérie n’augure toujours pas une bonne ère et ce sera aux algériens de le comprendre afin de prendre toutes dispositions susceptibles d’empêcher les affamés du pouvoir de s’assoir une fois de plus sur l’espoir du peuple à vivre mieux. Le teste ce sont les 90 jours que ne doivent dépasser la transition, selon la constitution.

Simon Ngaka

CEO et rédacteur en chef de Saimondy, journaliste et analyste géopolitique, écrivain et éditeur, artiste-musicien et interprète, Producteur de musique. En 2009, il créé le label Saimondy.

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